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Le 2e arrondissement de Paris est circonscrit par des voies des XVII- XVIIIe siècles : rue des Petits-Champs, Danielle Casanova, des Capucines et les Grands Boulevards et du XIXe siècle : rue Etienne Marcel, Boulevard de Sébastopol.
Ses activités, ses habitants, ses bâtiments sont particulièrement représentatifs des caractères et des mutations de l'histoire de Paris et de son architecture pendant cette période.
Le Sud-Est est axé sur les rues d'Aboukir, de Cléry et du Mail, ouvertes à partir de 1634 à l'emplacement de l'enceinte de Charles V. Il possède, aujourd'hui encore, de nombreuses demeures des XVII-XVIIIèmes siècles qui étaient habitées par la noblesse de robe et d'épée, des fermiers généraux, des officiers royaux, des marchands bourgeois, des artistes, des architectes.
Ainsi, la maison du n°31 de Cléry, construite en 1739 pour la veuve Vatard par l'architecte Jean-Baptiste Vautrain, ou encore, le n°71 rue d'Aboukir habité par le fermier général Roussel.
Ce qui fait la qualité de cet ensemble, c'est qu'il y associe de nombreuses maisons populaires qui conservent l'aspect originel du Paris ancien, lequel faisant cohabiter dans la même rue des catégories sociales variées.
L'axe royal de la rue Saint-Denis s'ornait d'un grand nombre d'établissement religieux : église Saint-Sauveur, Hôpital de la Trinité, Dames de Saint-Chaumont ( il en subsiste le magnifique hôtel construit par Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne en 1734, au n°226 ), maison d'été des Catherinettes ( et leur maison du n° 227 à usage locatif ), couvent des Filles-Dieu.
Le théâtre trouva là, entre les rues Saint-Denis et Montmartre, un de ses lieux d'origine.
Les " Confrères de la Passion " s'installèrent d'abord dans une salle de l'Hôpital de la Trinité, avant de se fixer rue Tiquetonne dans l'hôtel de Bourgogne, dont la troupe affirma son succés tout au long du XVIIème siècle, avant d'y laisser s'établir la Comédie italienne.
Plusieurs comédiens furent enterrés dans l'église Saint Sauveur. Que Goldoni vînt habiter puis mourir au coin des rues Saint-Sauveur et Dussoubs, que Rachel fît ses débuts au Théâtre Molière de la rue Montmartre ne doit rien au hasard.
Par la suite, les théâtres des Variétés, de la Michodière, de la Potinière, des Bouffes Parisiens, ainsi que l'Opéra Comique, maintiendront cette tradition.
Au Nord-Ouest, de nouveaux quartiers se bâtirent en 1630, autour des rues Vivienne et Richelieu. La proximité du Louvre et du Palais-Royal explique que s'installèrent là les grands serviteurs du royaume : les Duret de Chevry, Particelli d'Emery, Mazarin, La Vrillière, Fouquet, Colbert, construisirent ou habitèrent des hôtels dont seul subsistent aujourd'hui les vestiges de quelques uns. La Place des Victoires, élevée par Mansart entre 1685 et 1691, consacra la vocation royale du quartier.A cet égard, il faut noter que le sculpteur de son décor, Martin Desjardins, habita rue Dussoubs puis rue Saint-Sauveur, et que la maison qu'il fit bâtir en 1688-1689 subsiste au n°75 de la rue Réaumur (deux bas-reliefs ayant servi à la réalisation du monument de la Place des Victoires en décorent toujours l'entrée).
Au XVIIIème siècle, prés des boulevards ouverts à partir de 1670, se construisirent de prestigieuses demeures : hôtels d'Uzès, de Gramont, de Choiseul. L'hôtel de Montholon, construit par Soufflot le Romain au n°23 du boulevard Poissonnière, en est le seul représentant qui subsiste.
Les rues affluentes comptaient au même moment des hôtes de qualité : Le Normant d'Etioles et Docteur Pompadour rue du Sentier ; Necker ainsi que les Vigée-Lebrun rue de Cléry. Ajoutons à cela l'hôtel de Cléry de Meslay au n°32 de la rue du Sentier, et l'hôtel d'Hautpoul, n°4, rue Saint Joseph.
Au début du XIXème siècle, alors que les boulevards devenaient un lieu " à la mode " et que la Bourse attirait le monde de la finance et de la banque, un nouveau type d'aménagement urbain apparut ici : les passages couverts.
Le premier d'entre eux fut le Passage du Caire, construit à partir de 1799 à l'emplacement des Filles-Dieu.
En même temps, une différenciation nuancée s'opérait.
La moitié occidentale de l'arrondissement vit se multiplier les cafés, théâtres, et restaurants célèbres, tandis que la finance et le commerce s'y développaient.
L'Est s'adonna à l'alimentation, au petit commerce puis à la presse. Celle-ci triompha à la fin du XIXème siècle entre la rue Notre-Dame-des-Victoires et de la rue du Sentier, en même temps que s'ouvrait une rue Réaumur qui alignait les délirantes architectures caractéristiques de l'opulence post-haussmanienne, régulièrement primées par le Concours de Façades de la Ville de Paris : le n°118, construit par Montarnal en 1900, en est un parfait représentant, associant la pierre, la fonte et le verre.
Ainsi donc, le 2e arrondissement s'est toujours caractérisé par la diversité et la cohabitation de milieux et d'activités distincts. Il en garde une grande richesse patrimoniale, moins connue peut-être que celle d'autre arrondissement à la vocation plus touristique. Par la même, son bâti est peut-être plus fragile, et soumis à un vandalisme ordinaire que seule une vigilance constante peut réussir à déjouer.
Jean-Louis BOSCARDIN
Ses activités, ses habitants, ses bâtiments sont particulièrement représentatifs des caractères et des mutations de l'histoire de Paris et de son architecture pendant cette période.
Le Sud-Est est axé sur les rues d'Aboukir, de Cléry et du Mail, ouvertes à partir de 1634 à l'emplacement de l'enceinte de Charles V. Il possède, aujourd'hui encore, de nombreuses demeures des XVII-XVIIIèmes siècles qui étaient habitées par la noblesse de robe et d'épée, des fermiers généraux, des officiers royaux, des marchands bourgeois, des artistes, des architectes.
Ainsi, la maison du n°31 de Cléry, construite en 1739 pour la veuve Vatard par l'architecte Jean-Baptiste Vautrain, ou encore, le n°71 rue d'Aboukir habité par le fermier général Roussel.
Ce qui fait la qualité de cet ensemble, c'est qu'il y associe de nombreuses maisons populaires qui conservent l'aspect originel du Paris ancien, lequel faisant cohabiter dans la même rue des catégories sociales variées.
L'axe royal de la rue Saint-Denis s'ornait d'un grand nombre d'établissement religieux : église Saint-Sauveur, Hôpital de la Trinité, Dames de Saint-Chaumont ( il en subsiste le magnifique hôtel construit par Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne en 1734, au n°226 ), maison d'été des Catherinettes ( et leur maison du n° 227 à usage locatif ), couvent des Filles-Dieu.
Le théâtre trouva là, entre les rues Saint-Denis et Montmartre, un de ses lieux d'origine.
Les " Confrères de la Passion " s'installèrent d'abord dans une salle de l'Hôpital de la Trinité, avant de se fixer rue Tiquetonne dans l'hôtel de Bourgogne, dont la troupe affirma son succés tout au long du XVIIème siècle, avant d'y laisser s'établir la Comédie italienne.
Plusieurs comédiens furent enterrés dans l'église Saint Sauveur. Que Goldoni vînt habiter puis mourir au coin des rues Saint-Sauveur et Dussoubs, que Rachel fît ses débuts au Théâtre Molière de la rue Montmartre ne doit rien au hasard.
Par la suite, les théâtres des Variétés, de la Michodière, de la Potinière, des Bouffes Parisiens, ainsi que l'Opéra Comique, maintiendront cette tradition.
Au Nord-Ouest, de nouveaux quartiers se bâtirent en 1630, autour des rues Vivienne et Richelieu. La proximité du Louvre et du Palais-Royal explique que s'installèrent là les grands serviteurs du royaume : les Duret de Chevry, Particelli d'Emery, Mazarin, La Vrillière, Fouquet, Colbert, construisirent ou habitèrent des hôtels dont seul subsistent aujourd'hui les vestiges de quelques uns. La Place des Victoires, élevée par Mansart entre 1685 et 1691, consacra la vocation royale du quartier.A cet égard, il faut noter que le sculpteur de son décor, Martin Desjardins, habita rue Dussoubs puis rue Saint-Sauveur, et que la maison qu'il fit bâtir en 1688-1689 subsiste au n°75 de la rue Réaumur (deux bas-reliefs ayant servi à la réalisation du monument de la Place des Victoires en décorent toujours l'entrée).
Au XVIIIème siècle, prés des boulevards ouverts à partir de 1670, se construisirent de prestigieuses demeures : hôtels d'Uzès, de Gramont, de Choiseul. L'hôtel de Montholon, construit par Soufflot le Romain au n°23 du boulevard Poissonnière, en est le seul représentant qui subsiste.
Les rues affluentes comptaient au même moment des hôtes de qualité : Le Normant d'Etioles et Docteur Pompadour rue du Sentier ; Necker ainsi que les Vigée-Lebrun rue de Cléry. Ajoutons à cela l'hôtel de Cléry de Meslay au n°32 de la rue du Sentier, et l'hôtel d'Hautpoul, n°4, rue Saint Joseph.
Au début du XIXème siècle, alors que les boulevards devenaient un lieu " à la mode " et que la Bourse attirait le monde de la finance et de la banque, un nouveau type d'aménagement urbain apparut ici : les passages couverts.
Le premier d'entre eux fut le Passage du Caire, construit à partir de 1799 à l'emplacement des Filles-Dieu.
En même temps, une différenciation nuancée s'opérait.
La moitié occidentale de l'arrondissement vit se multiplier les cafés, théâtres, et restaurants célèbres, tandis que la finance et le commerce s'y développaient.
L'Est s'adonna à l'alimentation, au petit commerce puis à la presse. Celle-ci triompha à la fin du XIXème siècle entre la rue Notre-Dame-des-Victoires et de la rue du Sentier, en même temps que s'ouvrait une rue Réaumur qui alignait les délirantes architectures caractéristiques de l'opulence post-haussmanienne, régulièrement primées par le Concours de Façades de la Ville de Paris : le n°118, construit par Montarnal en 1900, en est un parfait représentant, associant la pierre, la fonte et le verre.
Ainsi donc, le 2e arrondissement s'est toujours caractérisé par la diversité et la cohabitation de milieux et d'activités distincts. Il en garde une grande richesse patrimoniale, moins connue peut-être que celle d'autre arrondissement à la vocation plus touristique. Par la même, son bâti est peut-être plus fragile, et soumis à un vandalisme ordinaire que seule une vigilance constante peut réussir à déjouer.
Jean-Louis BOSCARDIN
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