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LE MONDAIN (1736)
*Le Modain est une satire de 124 vers écrite par Voltaire en 1736.
Elle permet à l'écrivain d'exprimer sans ni arrière-pensée sa joie de bien vivre,
et d'affirmer entre le bonheur et la civilisation.Regrettera qui veut le bon vieux temps,Et l'âge d'or, et le règne d'Astrée,Et les beaux jours de Saturne et de Rhée,Et le jardin de nos premiers parents;Moi je rends grâce à la nature sageQui, pour mon bien, m'a fait naître en cet âgeTant décrié par nos tristes frondeurs:Ce temps profane est tout fait pour mes moeurs.J'aime le luxe, et même la mollesse,Tous les plaisirs, les arts de toute espèce,La propreté, le goût, les ornements:Tout honnête homme a de tels sentiments.Il est bien doux pour mon coeur très immondeDe voir ici l'abondance à la ronde,Mère des arts et des heureux travaux,Nous apporter, de sa source féconde,Et des besoins et des plaisirs nouveaux.
L'or de la terre et les trésors de l'onde,
Leurs habitants et les peuples de l'air,Tout sert au luxe, aux plaisirs de ce monde.O le bon temps que ce siècle de fer!
Le superflu, chose très nécessaire,A réuni l'un et l'autre hémisphère.Voyez-vous pas ces agiles vaisseauxQui, du Texel, de Londres, de Bordeaux,S'en vont chercher, par un heureux échange,De nouveaux biens, nés aux sources du Gange,Tandis qu'au loin, vainqueurs des musulmans,Nos vins de France enivrent les sultans?Quand la nature était dans son enfance,Nos bons aïeux vivaient dans l'ignorance,Ne connaissant ni le tien ni le mien.Qu'auraient-ils pu connaître ? ils n'avaient rien.Ils étaient nus: et c'est chose très claireQue qui n'a rien n'a nul partage à faire.(#coupee)Sobres étaient. Ah! je le crois encor:Martialo n'est point du siècle d'or.D'un bon vin frais ou la mousse ou la sèveNe gratta point le triste gosier d'Eve;La soie et l'or ne brillaient point chez eux.Admirez-vous pour cela nos aïeux?Il leur manquait l'industrie et l'aisance:Est-ce vertu ? c'était pure ignorance.Quel idiot, s'il avait eu pour lorsQuelque bon lit, aurait couché dehors?Mon cher Adam, mon gourmand, mon bon père,Que faisais-tu dans les jardins d'Eden?Travaillais-tu pour ce sot genre humain?Caressais-tu madame Eve ma mère?Avouez-moi que vous aviez tous deuxLes ongles longs, un peu noirs et crasseux,La chevelure un peu mal ordonnée,Le teint bruni, la peau bise et tannée.Sans propreté l'amour le plus heureuxN'est plus amour, c'est un besoin honteux.Bientôt lassés de leur belle aventure,Dessous un chêne ils soupent galammentAvec de l'eau, du millet, et du gland;Le repas fait, ils dorment sur la dure:Voilà l'état de la pure nature.Or maintenant voulez-vous, mes amis,Savoir un peu, dans nos jours tant maudits,Soit à Paris, soit dans Londre, ou dans Rome,Quel est le train des jours d'un honnête homme?Entrez chez lui: la foule des beaux-arts,Enfants du goût, se montre à vos regards.De mille mains l'éclatante industrieDe ces dehors orna la symétrie.
L'heureux pinceau, le superbe dessinDu doux Corrège et du savant PoussinSont encadrés dans l'or d'une bordure;C'est Bouchardon qui fit cette figure,Et cet argent fut poli par Germain.
Des Gobelins l'aiguille et la teintureDans ces tapis surpassent la peinture.Tous ces objets sont vingt fois répétésDans des trumeaux tout brillants de clartés.De ce salon je vois par la fenêtre,Dans des jardins, des myrtes en berceaux;Je vois jaillir les bondissantes eaux.Mais du logis j'entends sortir le maître:Un char commode, avec grâces orné,Par deux chevaux rapidement traîné,Paraît aux yeux une maison roulante,Moitié dorée, et moitié transparente:Nonchalamment je l'y vois promené;De deux ressorts la liante souplesseSur le pavé le porte avec mollesseIl court au bain: les parfums les plus douxRendent sa peau plus fraîche et plus polie.Le plaisir presse; il vole au rendez-vousChez Camargo, chez Gaussin, chez Julie;Il est comblé d'amour et de faveurs.Il faut se rendre à ce palais magiqueOù les beaux vers, la danse, la musique,L'art de tromper les yeux par les couleurs,L'art plus heureux de séduire les coeurs,De cent plaisirs font un plaisir unique.Il va siffler quelque opéra nouveau,Ou, malgré lui, court admirer Rameau.Allons souper. Que ces brillants services,Que ces ragoûts ont pour moi de délices!Qu'un cuisinier est un mortel divin!Chloris, Églé, me versent de leur mainD'un vin d'Aï dont la mousse pressée,De la bouteille avec force élancée,Comme un éclair fait voler le bouchon;Il part, on rit; il frappe le plafond.De ce vin frais l'écume pétillanteDe nos Français est l'image brillante.Le lendemain donne d'autres désirs,D'autres soupers, et de nouveaux plaisirs.Or maintenant, monsieur du Télémaque,Vantez-nous bien votre petite Ithaque,Votre Salente, et vos murs malheureux,Où vos Crétois, tristement vertueux,Pauvres d'effet, et riches d'abstinence,Manquent de tout pour avoir l'abondance:J'admire fort votre style flatteur,Et votre prose, encor qu'un peu traînante;Mais, mon ami, je consens de grand coeurD'être fessé dans vos murs de Salente,Si je vais là pour chercher mon bonheur.Et vous, jardin de ce premier bonhomme,Jardin fameux par le diable et la pomme,C'est bien en vain que, par l'orgueil séduits,Huet, Calmet, dans leur savante audace,Du paradis ont recherché la place:Le paradis terrestre est où je suis.
( #coupee)之前的部份
是老師要我們做的作業,至今還未研究出來,最近翻了很多文,也一直轉貼,
其實是要跟大家分享我所閱讀的文學,可惜時間不夠,靜待一考完試就會完成
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