POÉTICA

Poética est une série de trente poèmes mis en image par des artistes plasticiens et vidéastes dans des courts métrages d’animation originaux. Vingt de ces poèmes sont écrits en français, les dix autres étant traduits de l’anglais, de l’espagnol, de l’italien, de l’allemand. Plus des deux tiers sont des XIXe et XXe siècles, les autres plus anciens datent des XVIe ou XVIIIe siècles ; certains sont très connus, Le Cancre de Prévert ou Sous le pont Mirabeau d’Apollinaire, d’autres moins attendus comme le poème d’Umberto Saba ou celui de Gomez de Quevedo. Un choix extrêmement éclectique donc. Les techniques employées montrent également une grande diversité et allient techniques artisanales et sophistiquées (plasticine, dessin animé, papiers découpés, images de synthèse, photos, photocopies, films retravaillés...). Les images le plus souvent suggèrent le poème.

Les voix sont celles de Michael Lonsdale, Tchéky Karyo, Caroline Brulé et Marc Brunet.

FRANÇAIS COLLÈGE-LY C É E
T O U T P U B L I C

D’après une idée originale de Bruno Delarue, Véronique Duval,Hélène Levy, Fabio Purino

Production : Sombrero Productions, La Cinquième,
Les Télécréateurs, Image Plus, 1997
Durée totale : 72 min (30 x 2,5 min)
OBJECTIFS DE LA SÉRIE
– Sensibilisation à la poésie.

– Faire réfléchir sur le rapport du texte et des images : adéquation, opposition, atmosphère, récit de l’un et des autres, etc.

PRINCIPAUX THÈMES ABORDÉS

Sentiment de la nature, de l’amour, angoisse devant la mort, le temps qui s’enfuit, la maladie, idée métaphysique d’un créateur, non-sens.

DÉCOUPAGE

00min 00s : Un homme passe sous la fenêtre et chante de

Louis Aragon (1897-1982).

Cet extrait tiré du recueil Elsa est mis en image par un réalisateur, Lionel Richerand, utilisant une technique d’animation à base de modelage.

02min 15s : Méditation grisâtre de Jules Laforgue (1860-1887).

Le texte est mis en image par Juliette Marchand qui utilise une technique de papiers découpés.

04min 49s : Correspondance de Charles Baudelaire (1821-1867).

Le texte est illustré par des images créées par Aline Ahond à partir d’objets et de dessins animés.

07min 02s : Sonnets de Paradis d’Umberto Saba (1883-1957).

Le texte est mis en image par Fabio Purino, un réalisateur qui utilise des dessins sur fond coloré.

09min 17s : Le Pont Mirabeau de Guillaume Apollinaire (1880-1918).

Le texte est illustré par Fabrice Fouquet selon une technique de dessin animé traditionnel.

11 min 31 s : Asseyons-nous tous deux près du chemin d’Émile Verhaeren (1855-1916).

Ce texte est mis en image par Alexandre Moors et Jérôme Mouscadet. Ils utilisent une technique d’archives retravaillées et colorisées.

13min 51s : D’une prison de Paul Verlaine (1844-1896).

Les réalisateurs, Frédéric Mastellari et Emmanuel Raillard utilisent des extraits de films d’amateurs.

16min 07s : Voir un Univers de William Blake (1757-1827).

Ce poème est mis en image par Laurence Noirault qui utilise une technique d’animation d’objets et de maquettes.

18min 20s : La Mort viendra de Cesare Pavese (1908-1950).

Il est illustré par Fabio Purino avec une technique de dessin sur fond coloré.

20min 36s : Renouveau de Stéphane Mallarmé (1842-1898).

Ce texte est mis en image par un réalisateur, Sébastien Fau, qui utilise une technique d’animation à base de personnages en pâte à modeler.

22min 52s : Le Cancre de Jacques Prévert (1900-1977).

Ce poème est issu du recueil Paroles. Il est mis en image par Purino qui utilise une technique de peinture sur photo.

25min 15s: Le Rhinocéros et le Dromadaire de Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794).

Il est l’auteur notamment de fables, de chansons et de comédies pour le théâtre italien. Son texte est mis en image par Serge Elissalde qui utilise une technique de dessin animé traditionnel.

27min 49s : Agir, je viens d’Henri Michaux (1899-1984).

Ce texte est issu de Face aux verrous. Il est mis en image par Philippe Petit qui mélange l’utilisation de la palette graphique et l’enchaînement d’esquisses.

30min 58s : Où l’on se représente la brièveté de ce que l’on vit

de Francisco Gomez de Quevedo (1580-1645).

Son texte est mis en image par Lorenzo Recio qui utilise une technique

d’animation sur papier à carreau, des collages et du crayonnage.

33min 13s : La Courbe de tes yeux de Paul Eluard (1895-1952).

Il est issu de Capitale de la douleur. Il est mis en image par un réalisateur, Guilhem Pratz, utilisant la palette graphique sur un style abstrait.

35min 59s : Roman d’Arthur Rimbaud (1854-1891).

Ce poème est mis en image par Juliette Marchand qui utilise une technique d’animation où le noir et blanc domine.

38min 47s: J’apparaîtrai quand tu seras tout triste d’Emily Brontë (1818-1848).

Ce texte est mis en image par François Vogel qui utilise l’animation par ordinateur.

41min 02s : Le Tigre de William Blake (1757-1827).

Ce poème est issu de Les Chants de l’expérience. Il est mis en image par Lorenzo Récio avec une technique d’animation de dessins au pastel aux dominantes rouges et jaunes.

43min 05s : Mon Rêve familier de Paul Verlaine (1844-1896).

Ce poème est mis en image par Julien Stiegler utilisant une technique d’animation au pastel.

45min 27s : La Chanson du jardinier fou de Lewis Carroll (1832-1898),

mathématicien et écrivain britannique.

Ce poème a été mis en image par deux réalisateurs, Aline Ahond et Bertrand Mandico qui utilisent divers montages et procédés d’animations, collages d’extraits de films, de photos, animation d’objets, pâte à modeler.

48 min 04 s : Plaies d’amour de Federico Garcia Lorca (1898-1936), écrivain espagnol.

Ce texte, issu de Sonnets de l’amour obscur, est mis en image par Fabio Purino à la palette graphique.

50 min 25 s : Casida des colombes obscures de Federico Garcia Lorca (1898-1936).

Ce texte, issu du Divan du Tamarit, est mis en image par Dufraux qui utilise l’animation et la palette graphique.

52min 40s: Première solitude d’Armand Sully Prudhomme (1839-1907),
prix Nobel de littérature en 1901.

Il est mis en image par un réalisateur, Nicolas Bellanger, utilisant la palette graphique.

55min 30s: Nostalgie bienheureuse de Goethe (1749-1832), écrivain allemand.

Il est mis en image par Cédric Mercier utilisant diverses techniques, notamment la palette graphique et l’animation d’objets et de photos.

57min 54s : Fleurir est aboutir d’Emily Dickinson (1830-1886).

Ce poème est mis en image par Emmanuel Raillard et Julien Ribot qui utilisent une technique d’animation à partir de pâte à modeler.

1h 00min 23s: Et la mort n’aura pas d’empire de Dylan Thomas (1914-1953).

Ce texte est mis en image par Fabio Purino qui mélange l’utilisation de la gouache et de la palette graphique.

1h 02min 35s: À Cassandre de Pierre de Ronsard (1524-1585).

Ce texte est mis en image par Lionel Richerand qui utilise une technique d’animation par ordinateur et palette graphique.

1h 04min 40s: Chants du crépuscule de Victor Hugo (1802-1885).

Ce texte est mis en image par Frédéric Mastellari et Emmanuel Raillard qui utilisent des extraits de films et animent objets et photos.

1h 07min 22s: Les Hiboux de Charles Baudelaire (1821-1867).

Il est mis en image par Laurence Noirault utilisant des techniques d’animation à partir de pâte à modeler et la palette graphique.

1h 09min 57s: Ma Bohème d’Arthur Rimbaud (1854-1891).

Ce texte est mis en image par Fabio Purino. Il utilise la palette graphique et l’animation d’un graphisme blanc et linéaire.

SUR QUELQUES POÈTES

Si de nombreux poètes sont bien connus ici, d’autres, en revanche, demandent d’être présentés.

Umberto Saba

Umberto Saba, bien que reconnu comme un des plus grands poètes de son pays, fut longtemps mal aimé de la culture italienne et reste aujourd’hui peu lu par les Français. Son enfance fut difficile, un père chrétien qui s’enfuit avant sa naissance, une mère juive, réservée et sévère qui le confie à des mères de substitution d’où le tempérament ombrageux, mélancolique et solitaire de cet écrivain. Coupure psychologique, coupure sociale et politique, il vit, lui, Italien, à Trieste, port franc de l’empire austro-hongrois. Son angoisse de la coupure et du dédoublement le conduira à s’intéresser de très près

à la psychanalyse.

Avec Giuseppe Ungaretti et Eugenio Montale, on peut dire qu’il a fondé la poésie moderne en Italie dans une recherche tournée vers l’intériorité. Continuateur d’un vérisme provincial, son intérêt le porte vers les choses, les paysages, les collines de Trieste qui grimpent vers le Kartz

(comme dans le poème proposé : Je vois en rêve une maisonnette blanche / Sur une colline escarpée) et vers tout un bestiaire métaphorique caractéristique (ici une «douce chevrette») qui lui fait chanter aussi

sa propre femme «Et ainsi dans l’abeille/Je te retrouve; et dans toutes les femelles de tous /Les animaux sereins.»

Francisco Gomez de Quevedo y Villegas

Un autre poète peu connu alors même que son oeuvre fut très importante. Sa vie pourrait être un roman, qu’on en juge : «Madrilène de naissance, Francisco Gomez de Quevedo y Villegas a été formé à la grande université d’Alalà de Henares, puis à celle de Valladolid ; mais il leur préfère bientôt la cour et ses intrigues. On l’accuse de meurtre, il fuit. Il entre au service du vice-roi de Sicile et de l’Italie à Madrid, il se fait colporteur de secrètes missions. Il s’échappe de Venise conjurée sous l’habit d’un mendiant, pendant que, dans la ville, on brûle son effigie. Il se sépare de sa femme un an après son mariage. Il connaît les faveurs royales, puis la prison. Sa terre de La Torre de Juan Abad est autant pour lui le cadre de l’exil que celui du repos. Quatre années – de 1639 à 1643 – passées dans un infâme cachot du couvent de San Marcos de Leon ont raison de sa santé, déjà délicate; il ne jouit que de peu de temps de la liberté retrouvée et meurt à Villanueva de los Infantes un an plus tard.» (Gendreau-Massaloux)

Il a une prodigieuse imagination que l’on découvre en particulier dans les contes satiriques et fantastiques mais aussi dans sa poésie où de délicates métaphores côtoient les jeux de mots les plus grossiers. Mais le spectre de la mort apparaît à chaque détour comme c’est le cas dans le poème

proposé : J’ai mis les langes au linceul / Et de moi ne demeurent /Que les successions vives d’un défunt.

5 POÉ T I C A .
William Blake

William Blake est un personnage étonnant. Peintre, graveur et poète visionnaire, lyrique et prophétique (il fait partie de la lignée des Novalis, Nerval, Hugo ou Nietsche), il crée une mythologie dans laquelle un symbolisme anthropomorphique lui permet de traiter les grands problèmes humains. Il voit dans l’imagination poétique la forme et la source même du divin. Le romantisme moderne reprendra sa doctrine. Notre condition est divisée, comme il l’écrit : «C’est de la puissance unifiante de l’imagination que nous viendra le salut.» L’enfance est la quintessence même de l’esprit de vie. Tout ce qui vit est sacré par essence et l’omniprésence de la vie se trouve dans le minuscule comme dans l’immense ce qu’il traduit par le poème: Voir un univers dans un grain de sable. «Les plus belles et les plus significatives des images de Blake se réfèrent toutes à d’infimes objets: le thym sauvage et l’herbe aux abeilles (Nul ne saurait dire comment / Si petit centre peut exhaler tant de parfum) ; “la petite mouche ailée ”, le vermisseau, la fourmi, la sauterelle et l’araignée ; le petit oiseau – alouette, rossignol ou rouge-gorge ; Le moment de chaque jour invisible à Satan où s’accomplit l’oeuvre du poète, et, par-dessus tout, le suprême symbole du multum in parvulo, le divin Enfant. La vie n’est ni grande ni petite et la dignité de chaque essence vivante n’est pas relative, mais absolue. L’enfance (l’Innocence)

ne représentait pas pour lui un état d’inexpérience et d’ignorance, mais celui de la pureté de l’être.» (Kathleen Raine)

Dylan Thomas

Dylan Thomas remplace en naissant un enfant mort. Écrivain précoce, il ne connut qu’une brève carrière. Au cours de ses études, il compose déjà d’habiles poèmes. Il part pour Londres où il publie Dix-Huit Poèmes (1934) suivi de Vingt-Cinq Poèmes (1936) qui provoquent la stupeur des critiques et des lecteurs, recueils envahis par des visions audacieuses et le monde noir du sexe et de la mort. En 1937, il s’installe avec sa femme au pays de Galles à Laugharne où se retrouvent artistes, écrivains, poètes et toutes sortes d’excentriques. L’argent manque. Il boit de plus en plus et est menacé par le delirium tremens. Des émission délirantes à la BBC le font connaître du public anglais. Il se rend aux États-Unis, où il donne de nombreuses lectures publiques accumulant les scandales. Et la mort n’aura pas d’empire (Death Shall have No Dominion) marque le départ officiel de sa carrière de poète. C’est un cri de victoire sur les ténèbres. Il sort du fond de l’abîme où il était hanté par le fantôme de son double et des visions dignes de Jérôme Bosch. C’est aussi l’époque où il prend l’habitude de s’alcooliser. Quelques mois plus tard, il sombrera dans la dépression.

Emily Dickinson

Si la publication du premier volume des poèmes d’Emily Dickinson date de 1890, l’intérêt pour son oeuvre ne prendra toute sa force qu’avec l’édition de 1955 où l’intégralité de son travail est offerte au public dans une pré-sentation correcte de Thomas H. Johnson. Il classe 1 775 poèmes en en restituant au mieux la chronologie. L’histoire de la poétesse est sans relief, elle vit chez son père en célibataire excentrique, écrit des poèmes qu’elle dissimule.

Emily Dickinson utilise les certitudes puritaines pour mieux poser les questions existentielles contemporaines. Elle manie l’humour dans des poèmes satiriques où des observations vives, un vocabulaire inattendu, des contrastes frappant viennent briser le sérieux et l’expression du sentiment.

Elle tente en particulier de déchiffrer, analyser, décrire les paradoxes de la nature, son caractère fantasque, imprévisible mais également répétitif et éternel. Ainsi en est-il dans le poème Fleurir est aboutir où elle montre, tendrement ironique, le labeur d’une fleur. Dans d’autre poèmes, elle envie le brin d’herbe qui n’a rien d’autre à faire qu’à recevoir les abeilles, à danser dans le vent. Elle éprouve le désir de se muer en nature, de se fondre en elle

Que l’herbe a peu de choses à faire The Grass so little has to do

Simple, verte et toute ronde A Sphere of simple Green

Pour seul souci les papillons With only Butterflies to broo

Et pour compagnie l’abeille And Bees to entertrain

Puis elle règne sur les granges, And then in Sovreign Barns to

devell
Rêvasse au long du jour And dream the Days away,

Que l’herbe a peu de choses à faire The Grass so little has to do

Je voudrais être foin. I wish I were a Hay

Jules Laforgue

«Il est certain que Laforgue fut oublié par les poètes de ma génération [ce qu’on peut appeler le sentimentalisme de Laforgue inspirait une certaine méfiance [On préférait l’ignorer sans le condamner. » (Philippe Soupault). Il est vrai que les poètes français n’ont guère été équitables avec Laforgue et, alors que son influence fut considérable à l’étranger,

bien peu de Français voulurent bien le reconnaître, sans doute à cause de son côté gamin, sentimental et cynique. Bien sûr, il y eut Duchamp, Tzara, mais les dadaïstes parisiens, futurs surréalistes ne voulurent pas le reconnaître. Apollinaire, Max Jacob ou Éluard se sont inspirés de ce poète.

Singulier destin donc que celui de Laforgue. Il meurt en 1887, à 27 ans, de phtisie galopante. Son itinéraire poétique aura duré sept années. «Le vocabulaire Laforgue, à lui seul, désarçonne le lecteur. C’est un perpétuel entrechoc, celui des mots savants, scientifiques avec les termes de l’antiquité grecque et romaine, celui des mots rares anciens avec les mots rares nouveaux. Passant de termes d’une extrême ban

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