Portraits de femmes sans domicile, par Dominique Dhombres


Le réalisateur Eric Guéret a suivi pendant quelques mois les équipes du SAMU social qui sillonnent les rues de Paris. Il voulait savoir comment vivent les femmes qui constituent environ un quart des effectifs des personnes sans domicile fixe dans la capitale. Plusieurs figures émergent de ce documentaire diffusé mardi 11 décembre sur France 5. 

Il y a tout d'abord Marie-Thérèse, la plus vaillante. Chaque soir, elle compose le 115 pour être hébergée dans un foyer, sans cesse différent. Chaque matin, elle est levée à 6 heures pour aller prendre son poste de travail en quelque sorte, à un feu rouge, dans les beaux quartiers. C'est le même depuis douze ans. Elle mendie auprès des automobilistes, dont certains finissent par la connaître et avec lesquels elle échange quelques mots. Elle récupère ainsi un peu d'argent, des tickets de restaurant, des vêtements. 

Il y a plus de trente ans, pour des raisons qu'elle ne veut pas expliquer, elle a quitté son mari et sa fille afin de venir vivre ainsi dans la rue, à Paris. Elle a failli mourir plusieurs fois à cause de l'alcool, mais a arrêté de boire il y a deux mois. Près de "son" feu rouge, elle retrouve son compagnon, qui a passé la nuit dans un hall d'immeuble et qui continue de boire, lui, avec les autres. Elle a peur de retomber.

"Ils veulent que je recommence à boire. Quand je suis bourrée, c'est plus facile de me demander de l'argent", dit-elle. 

Il y a ensuite Evelyne. Elle porte un ample manteau rouge, un bonnet tricoté et de nombreuses bagues qui lui donnent un vague air d'élégance, auquel elle se raccroche. Elle boit, elle aussi. On la voit en train de poser devant l'objectif, dans une cabine, pour refaire sa carte d'identité, perdue depuis cinq ans. C'est un moment difficile. Elle est effrayée pas son propre visage, totalement inexpressif, sur la photo. 

Il y a Stéphanie, enfin, une grande Noire élancée de 32 ans. Elle vivait en Normandie. Elle a été violée lorsqu'elle avait 14 ans, a eu un enfant, est venue à Paris, où elle s'est prostituée pendant des années. Elle a un appartement, mais l'homme qu'elle héberge la frappe et l'oblige à vivre dehors. "C'est très sauvage, la rue. Il y a toutes sortes de gens. Ici, les femmes sont hyperméchantes entre elles", dit-elle. On la quitte allongée sur un banc, près de la Bastille. 

Il y a encore Eugénie, 69 ans, qu'on croise un instant dans le centre de Paris, qui dort en plein air, malgré le froid. "J'aimerais pouvoir vivre comme on devrait vivre, pas comme ça. Je n'appelle pas ça une vie", dit une autre. Ces confidences ne sont pas faciles à obtenir. Il y a la honte, qui pèse. Ce n'est pas seulement une affaire d'argent ou de logement.

On comprend que quelque chose s'est cassé, il y a longtemps, souvent dès l'enfance. 

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